23/09/2012

La profondeur de l'apparence in Poésie perdue - Paul Valery

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Aube
Naissance du rose le plus délicat — Je le vois d’abord sur une maison — Depuis assez longtemps les oiseaux parlent tous ensemble — les coqs commencent.
 
Comme un souffle est le rose — La lune devient transparente et verdit —
 
Rien ne bouge, que la Terre — c’est-à-dire que la lumière qui « se fait » peu à peu.

Toute la profondeur que nous fait sentir l’apparence et qui n’est elle-même qu’une apparence.*

Comme je sens à cette heure... la profondeur de l’apparence (je ne sais l’exprimer ) et c’est ceci qui est poésie. Quel étonnement muet que tout soit et que moi je sois ! Ce que l’on voit alors prend valeur symbolique du total des choses. Un paysage quelconque est un δU** — Il cache ce qu’il implique, exige.
 
(XII, 190, [1927], Poèmes et PPA, 179)

* je n'ai pas pu retranscrire ici la mise en page de l'éditeur sur 2 colonnes à partir de cette phrase.
** note de l'édition : C'est-à-dire une infime partie de l’Univers.



Extrait de : Poésie perdue. Les poèmes en prose des Cahiers. Editions Gallimard 2000


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2 commentaires:

  1. Ah! Valéry. Connais tu ces derniers poèmes à son dernier amour (Jeanne Voilier)

    Pourquoi t'aimerais-je
    Si tu n'étais Celle
    Avec qui s'abrège
    L'heure universelle ?
    ...

    Ô le bel éclair
    Entre chair et chair
    Q'échangent les coeurs

    Paul Valéry (Corona §Coronilla)

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  2. Ces poèmes amoureux, j'en connais que l'existence
    Ô ce cher Valery. Belle, inspiration fatale !

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